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Dans les coulisses de la conférence « Une seule santé, en pratique ? »

Découvrez les parcours d’Amandine Gautier, docteure en sciences politiques et Anne Destailleur, chargée de mission formation et recherche en sciences sociales. Depuis plusieurs mois, elles sont notamment au cœur de l’organisation de la conférence « Une seule santé, en pratique ? » et vous expliquent comment elles en sont arrivées à travailler sur le concept « une seule santé » et quelle organisation se cache derrière cet événement.

  • Pourriez-vous tout d’abord nous parler un peu de vous, quel est votre parcours ? Comment en êtes-vous venues à travailler sur la thématique une seule santé à VetAgro Sup ?

AG : Bonjour, je suis docteure en science politique. Grâce à un cofinancement de l’ENSV-FVI VetAgro Sup et du CHSCT du ministère de l’agriculture, j’ai réalisé une thèse de doctorat sur la santé au travail des agents de l’Etat en abattoir, soutenue en 2017. Son angle d’attaque original et nourri de plus de cinq années d’enquête met en évidence ce nœud entre conditions d’emploi et de travail, qualité sanitaire et bientraitance des animaux. Je poursuis, dans le cadre de mes activités de recherche, les enquêtes sur les filières agroalimentaires, dans le cadre d’une recherche européenne sur le marché du médicament vétérinaire (Projet ROADMAP Rethinking of antimicrobial decision-systems in the management of animal production H2020 2019-2023). En parallèle, Sébastien Gardon, également politiste, et moi-même, avons élargi au sein de l’ENSV-FVI VetAgro Sup nos recherches en sciences humaines et sociales qui portaient essentiellement sur des problématiques de santé animale depuis 2011 (date du lancement du Master Politiques de l’alimentation et Gestion des risques sanitaires en collaboration avec SciencesPo Lyon dont j’ai participé au lancement et à la mise en œuvre comme étudiante de Sciences Po puis comme enseignante) à des approches One Health, considérant les liens entre santé animale et santé humaine, également les enjeux de défense de la biodiversité dans l’émergence des maladies infectieuses, etc.

AD : Après un master en qualité dans le secteur agroalimentaire et de brèves expériences en industrie, j’ai souhaité m’orienter vers la formation pour être davantage au cœur des relations humaines et de la pédagogie. Recrutée depuis octobre 2018 dans le service des formations statutaires et diplômante à l’ENSV-FVI, j’ai commencé par appréhender la santé publique vétérinaire à travers la coordination de la formation des ISPV, en collaboration avec Sylvie Mialet, cheffe de ce service. Les activités de l’école en lien avec le pôle sciences humaines et sociales ont révélé un besoin grandissant de formation autour du concept « One Health », c’est à ce moment-là que mes collègues sociologues Amandine Gautier et Sébastien Gardon m’ont associée pour participer à la nouvelle aventure du DE « One Health en pratiques ».  J’ai donc activement contribué à sa création, sa communication et son organisation.

  • Quelles sont vos missions au sein de l’ENSV-FVI et plus particulièrement sur l’organisation de la conférence « Une seule santé, en pratique ? »

AG : Je suis aujourd’hui en charge des activités de formation et de recherche en sciences sociales auprès des ISPV mais aussi auprès d’un public et de commanditaires de plus en plus variés et nombreux, et en particulier sur les thématiques One Health, au sein du service dirigé par Sylvie Mialet. C’est dans la continuité de nos recherches en sciences sociales, notamment dans le cadre d’un précédent contrat postdoctoral que j’ai réalisé sur les relations entre santé et biodiversité, que nous développons des activités de formation (tel que le Diplôme d’Etablissement « One Health en pratiques »), et d’expertise en politiques publiques, par exemple cette conférence organisée par VetAgro Sup, en particulier son école d’application interne, l’ENSV-FVI qui aura lieu le 17 mars. Cette conférence ayant vocation à produire des recommandations concrètes d’action publique, je m’occupe de coordonner le travail des sept ateliers thématiques produisant ces recommandations grâce à un travail entamé il y a maintenant quelques mois et qui sera rendu public le 17 mars.

AD : J’occupe actuellement un poste de chargée de mission sur les aspects ingénierie de formation. Je suis au quotidien à l’interface des étudiants pour les accompagner durant leur formation à l’ENSV-FVI à la fois sur des aspects pédagogiques, administratifs et techniques, et veille à la mise en place de parcours individualisés selon le profil et l’expérience de chacun. Ma valence « qualité » me permet actuellement de mettre en place les indicateurs de suivi et de performance des formations que nous dispensons, ce qui sera prochainement renforcé par la certification QUALIOPI à l’échelle globale de VetAgro Sup. Mon implication sur le DE « One Health en pratiques » a fait naitre un certain attrait pour les outils de communication, c’est pourquoi j’ai réutilisé cette expérience pour proposer un ensemble de supports d’informations autour de la conférence (flyer, sites internet, teaser). Je suis accompagnée des différents acteurs déjà présents sur le campus pour progresser dans ces réflexions. Je pense notamment à Charlotte Chêne, responsable communication, qui m’a aidée pour que nous puissions définir ensemble la stratégie de communication de l’événement.  Je pense également à Yves Monlien, David Chavernac et Sophie Touzé qui m’ont accompagnée et m’accompagnent encore sur les aspects numériques. La crise sanitaire ayant imposé une remise en question du format de la conférence, je me suis intéressée de près aux plateformes d’animation en ligne afin d’accompagner les différents pilotes dans la réalisation de leurs ateliers programmés en distanciel et amont de la conférence. Il a également été impératif de réfléchir à un dispositif de retransmission en live de l’évènement étant donné l’absence de public en présentiel. Nous abordons la dernière ligne droite vers la concrétisation de ce grand projet ! 

  • Dans quel but a été pensé cet événement, comment s’est-il organisé et quels sont vos rôles au sein de l’équipe organisatrice ?

AG : Cet événement se démarque des autres événements et conférences estampillées One Health en ce qu’elle s’inscrit dans une dynamique amorcée il y a plusieurs années à VetAgro Sup dans le cadre de relations tissées avec des acteurs à la fois scientifiques et des décideurs aux niveaux local, national et international. Il est l’aboutissement d’un travail collectif d’écriture de recommandations (celles-ci étant aussi vérifiées et amendées par un conseil scientifique dont les membres représentent la diversité des thématiques traitées : Agriculture, Microbiote, Biocides et médicaments, Faune sauvage, Territoire, International, Formation). Au-delà de notre réseau consolidé à l’ENSV-FVI VetAgro Sup autour des institutions de l’agriculture, des collectivités locales, des organisations internationales (OIE et OMS surtout), des acteurs privés des filières agroalimentaires, des écoles de santé publique, de l’Office français de la Biodiversité, les ARS, l’agence de l’eau, l’ANSES, l’INRAE, le CIRAD, les écoles vétérinaires, etc., nous travaillons également sur cet événement en relation étroite avec les cinq organisations que sont France Nature Environnement, la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité, Humanité et Biodiversité, l’Association Santé Environnement France et la Fédération des Syndicats Vétérinaires de France.

AD : Les objectifs étaient doubles : nous voulions marquer le premier anniversaire du confinement qui a paralysé la France en mars 2020, et ce pour relier le public et les partenaires à l’intérêt de cette thématique. Un an plus tôt, le lancement du DE « One Health en pratiques » passait entre les mailles du filet et s’était soldé par cette terrible annonce. C’était à ce moment-là le timing « parfait » pour illustrer concrètement aux participants de la formation l’ascension de ce concept, alors qu’en visite aux bureaux de l’OMS à Lyon, on nous déclarait l’état de pandémie. Nous avions également pour objectif d’actualiser le colloque Santé Biodiversité qui avait eu lieu à VetAgro Sup en 2014 et souhaitions pérenniser ce type d’événement pour aboutir à des réflexions de plus en plus fines sur le sujet.

  • Avez-vous des recommandations pour organiser ce type d’événement ?

AG : Il est clair que notre volonté de faire de cette journée une contribution à la mise en pratique opérationnelle du concept One Health, grâce à la production concertée et la restitution de recommandations, nous oblige à beaucoup préparer l’événement en amont, de sorte que la journée soit réservée aux restitutions, conférences et à leur réception par les décideurs conviés à la table ronde sur un temps fortement contraint par le distanciel qui nous amène évidemment à repenser les formats des conférences. Il nous a fallu donc être créatifs dans cette préparation et surtout ne pas compter notre temps ! Nous avons pu compter sur des pilotes d’atelier très investis, des membres du conseil scientifique très constructifs, des participants aux ateliers très impliqués. Enfin, ce n’est que grâce à la détermination et l’implication de toute l’équipe de l’ENSV-FVI VetAgro Sup et à sept de ces ISPV stagiaires, leur sérieux et leur enthousiasme que tout ceci est possible. Mon seul conseil serait donc : identifier les expertises, les bonnes volontés et favoriser le fonctionnement collectif !

AD : Nous revendiquons les aspects pratiques, je dirai donc tout simplement, discutons-en autour d’une visio, d’un café ou d’un coin de table selon l’évolution des conditions sanitaires ! Après la crise que nous avons vécue et l’adaptation permanente qu’elle implique, il a fallu envisager tous les scénarios possibles dès le début ! Nous avons passé un cap où l’hybridation entre le présentiel et le distanciel fait partie du quotidien et nous sommes dorénavant conscients que cela s’applique à tout évènement quelles qu’en soient la taille et la portée. Notre équipe à la fois motivée et motivante a été l’atout de ce projet. Nous tenons à mettre en avant les particularités de chacun tout en étant conscients des limites respectives !  La transparence a également été notre fil conducteur pour permettre à tout le monde d’être sur le même niveau d’information dans chaque étape du processus, que ce soit en interne, avec les pilotes d’ateliers, les co-organisateurs ou les partenaires. Nous avons également souhaité mettre au premier plan nos étudiants en les investissant directement dans les ateliers, ils nous ont été d’une aide précieuse et nous espérons que cette expérience leur a permis d’appréhender les réseaux d’acteurs et de professionnels gravitants autour du concept « Une seule santé ».

  • Un mot pour terminer ?

AG : Le travail que nous délivrerons dans moins d’un mois est très ambitieux dans son contenu ; il est aussi fondé sur l’expertise des différents acteurs qui sont parties prenantes et qui travaillent quotidiennement ces thématiques, chacun.e dans leurs domaines. Dans chaque atelier, nous veillons à toujours partir de l’état des lieux de l’existant, des initiatives en cours. Fonder des recommandations sur le réel des pratiques n’empêche pas du tout d’être ambitieux et créatif, tout au contraire !

AD : Nous avons constaté au travers des divers échanges qu’il était encore parfois difficile de réunir au même endroit les professionnels de la santé humaine, animale et de l’environnement. La concrétisation de ce concept reste un travail de longue haleine nécessitant beaucoup d’humilité.