Actualités

RECHERCHE

Séminaire EIDER : Le rural en quête de statut

Dans le cadre des séminaires d’économie de l’UMR Territoires, Francis Aubert, Pr. en économie à AgroSup Dijon, et Olivier Aznar, Pr. en économie à VetAgro Sup, ont présenté le jeudi 6 juin 2019 à IRSTEA Clermont, un séminaire intitulé « Le rural en quête de statut. Les espaces ruraux entre la représentation de la campagne traditionnelle et l’émergence des systèmes socio-écologiques ». Plus d’une trentaine de personnes (enseignants, chercheurs, doctorants) étaient présentes.

Les intervenants ont introduit le séminaire en expliquant la motivation de leur recherche. Selon eux, la catégorie du « monde rural » fait face à un épuisement et une quasi-disparition des préoccupations actuelles des chercheurs en économie régionale. Le paradoxe, souligné par les chercheurs, est que la notion de rural n’a pourtant jamais été autant évoquée dans les discours médiatique et politique. Alors, d’un côté, l’épuisement de la pensée autour du « rural » ? Et, de l’autre, une catégorie à laquelle on continue à se référer (au moins implicitement) pour expliquer les difficultés d’une certaine « France périphérique » et pointer les carences des politiques publiques en matière de développement des territoires ?

L’une des pistes explorées pour renouveler cette pensée autour du « rural » est celle de la prise en compte de l’environnement dans la conception de la « région ». Grande oubliée d’une économie régionale focalisée sur les économies d’agglomération qui laisse peu de place aux dotations en ressources naturelles (paysages, qualité du cadre de vie) dans les modèles de croissance, la Nature ferait aujourd’hui une irruption remarquée dans le champ de la science régionale. En particulier avec la référence croissante à notion de système socio-écologique popularisé par les travaux d’Elinor Ostrom. Cette attention aux facteurs naturels permet de repenser à la fois la notion d’infrastructure sur laquelle est fondée la région et celle d’ouverture et d’échange avec l’extérieur qui en marque la position dans l’espace national et international.

C’est la thèse défendue par les chercheurs : prendre en compte les besoins/facteurs environnementaux dans le développement régional et métropolitain ainsi que de l’importance des dotations de ces régions en ressources et infrastructures écologiques. Cela amène à deux scénarios possibles : un premier scénario, dit tendanciel, dans lequel les métropoles s’approprient les ressources naturelles (eau, sols…) localisées en partie dans les espaces ruraux ou peu denses ; un second scénario, dit de recomposition, où la ville coopère avec des territoires plus ou moins proches dans un objectif de gestion en commun et partagée de ces ressources localisées.

Ces deux scénarios posent plusieurs questions à débattre : celle des échelles géographiques auxquelles ces processus peuvent et/ou doivent se dérouler ; celle des inégalités spatiales engendrées et de la nécessaire égalisation entre les territoires et enfin celle de l’organisation globale du territoire.

Le séminaire s’est terminé sur un appel à s’intéresser à nouveau au « rural » et à penser la place de cette catégorie dans la dynamique sociale et économique de la France contemporaine. Toutes les disciplines en sciences humaines et sociales ont un rôle à jouer de ce point de vue ; et les économistes régionaux sont invités à y prendre part.