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Portrait – Noémie Petitjean, post doctorante dans l’unité ICE

Noémie Petitjean est post doctorante dans l’unité de recherche ICE (UPSP 2021.A104 – Interactions Cellules Environnement)* de VetAgro Sup. Elle travaille actuellement sur un projet de recherche collaborative avec la société Vetbiobank[1] qui permettra d’évaluer les conditions de stockage et de transport des produits de thérapie cellulaire afin d’améliorer les procédés de conservation. Ce projet est financé par la mesure Préservation de l’emploi R&D du plan « France Relance »[2].

Quel est votre parcours ?

Je suis docteur en Biologie-Santé depuis décembre 2020. À la suite d’un cursus ingénieur en génie biologie, spécialité biomatériaux et biomécanique à l’Université Technologique de Compiègne (UTC), j’ai réalisé une thèse à l’université de Montpellier, à l’Institut de Médecine Régénératrice et Biothérapie (IRMB – UMR 1183) et au Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (LMGC – UMR5508). J’ai travaillé sur l’impact des stimulations mécaniques sur la croissance d’un modèle biologique de cartilage articulaire. Des microsphères de cartilage appelée micropellets de cartilage étaient stimulé mécaniquement par un dispositif fluidique que nous avons développé (Fig. 1). C’était un travail pluridisciplinaire entre la biologie et la biomécanique.

Fig. 1.  Dispositif fluidique conçu pour la stimulation mécanique et la caractérisation de microsphères. (A) Représentation schématique du dispositif. Six microsphères peuvent être placées dans les puits coniques du réservoir qui est rempli de fluide (couleur rose). Une pression positive (Pi) est appliquée au-dessus des microsphères alors que la pression atmosphérique (Patm) est maintenue en dessous. (B) Photo du dispositif comprenant le réservoir, les pompes péristaltiques, la caméra et les autres composants. (C) Agrandissement d’un cône de la cuve montrant une microsphère sous le capteur de pression. (Petitjean et al., 2020)

Sur quoi porte vos travaux exactement ?

J’ai intégré l’unité de recherche ICE de VetAgro Sup pour mener à bien un projet de recherche collaborative avec la société Vetbiobank, intitulé « Évaluation de conditions innovantes pour le stockage et le transport des produits de thérapie cellulaire » qui s’inscrit dans le programme de développement de Vetbiobank (brevet FR3105911 (B1)).

Mes travaux portent sur la préservation des cellules par congélation ou hypothermie. La condition idéale de conservation des cellules est la conservation dans l’azote liquide. Cependant, c’est un moyen coûteux et pas toujours adapté aux conditions ultérieures d’utilisation des cellules. En particulier, l’entreprise Vetbiobank a pour objectif la commercialisation d’un produit de thérapie cellulaire à base de cellules souches néonatales pour le traitement de maladies inflammatoires chroniques. La thérapie cellulaire consiste à greffer des cellules afin de restaurer la fonction d’un tissu ou d’un organe. L’objectif est de soigner durablement le patient grâce à une injection unique de cellules thérapeutiques[3]. La problématique de transport et de stockage du produit chez le vétérinaire est à l’origine de leur questionnement sur l’évolution des cellules dans un congélateur classique, un réfrigérateur ou à température ambiante. L’expertise de l’unité ICE concernant la cryopréservation d’embryons ou de semences animales est nécessaire pour comprendre comment le produit se comporte aux différentes températures et comment on peut améliorer le procédé de conservation.

Pour comprendre l’évolution du produit cellulaire de Vetbiobank, je travaille en laboratoire. Plus précisément, je vais étudier l’impact des conditions de stockage à différentes températures et comprenant différentes solutions de protection, sur la fonctionnalité finale du produit. Pour ce faire, des techniques de biologie cellulaire, biologie moléculaire, biochimie et microscopie seront utilisées.

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce sujet et pourquoi avoir choisi VetAgro Sup ?

J’ai toujours été intéressée par la médecine vétérinaire. Travailler dans une unité de recherche de VetAgro Sup est un moyen de découvrir cet environnement et d’évaluer les similitudes et disparités de la recherche en médecine humaine et médecine vétérinaire.

Ce projet est en effet au cœur des problématiques de la thérapie cellulaire, qu’elle soit humaine ou vétérinaire. Le plateau technique de l’unité ICE permet de réaliser des recherches de qualité en biologie cellulaire. Mon intérêt pour ce projet est lié à mon désir de conforter mes connaissances autour des cellules souches mésenchymateuses (cellules capables d’agir sur la réparation et la régénération tissulaires par différents mécanismes[4]) et de renforcer mes compétences en biologie cellulaire et techniques d’analyse des cellules. Enfin, c’est une bonne opportunité pour mettre un pied dans le monde de l’entreprise, découvrir leur manière de faire de la recherche et du développement, tout en conservant l’autre pied dans un laboratoire de recherche académique.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Mon objectif est d’être chercheuse, que ce soit dans un laboratoire public ou dans une entreprise telle que Vetbiobank par exemple. Suite à ma thèse qui s’est déroulée dans un environnement académique, l’avantage de la mesure Préservation de l’emploi R&D du plan France Relance est de pouvoir appréhender simultanément ces deux aspects de la recherche, ce qui me permettra de choisir la voie qui me correspondra le mieux. Cette double connaissance des enjeux et des problématiques de la recherche académique et de la recherche en entreprise sera ainsi un atout pour les futures collaborations entre laboratoires publics et privées que je serai amenée à construire en tant que chercheuse, quelle que soit la voie que je choisirai.

L’UNITÉ ICE (Interaction Cellules Environnement)

L’unité ICE bénéficie d’une large expertise en sciences de l’animal domestique et de laboratoire (expertises d’anatomistes, d’anatomopathologistes et de cliniciens vétérinaires) pour se positionner, à partir de modèles cellulaires et de modèles animaux, dans un réseau qui aboutit sur une recherche translationnelle au lit du patient, tant animal (recherches précliniques et cliniques vétérinaires) qu’humain.

Les objectifs de l’unité sont d’apporter une meilleure connaissance, chez l’animal comme chez l’homme, des mécanismes et évolutions des affections liées à l’âge, à l’évolution de notre mode de vie ou aux infections liées aux soins. L’unité mène ainsi des travaux de recherches pré-cliniques et cliniques dans le cadre d’une recherche translationnelle (Animal/Homme) pour développer de nouveaux outils d’évaluation des dysfonctions cellulaires et proposer des modélisations de biomarqueurs pour l’analyse de la décision médicale ; pour prévenir et traiter les effets secondaires des traitements, notamment par leur délivrance ciblée ; pour développer des thérapeutiques innovantes des altérations, y compris par la régénération des tissus altérés ; et pour garantir un environnement médical respectueux du bien-être animal. En savoir plus

[1] Premier laboratoire français à exploiter le potentiel biologique des cellules souches néonatales pour traiter les maladies inflammatoires animales https://www.vetbiobank.com/fr/entreprise/

[2] Dans le cadre du plan « France Relance » lancé le 3 septembre 2020, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) porte une mesure destinée à aider à la préservation des capacités humaines de Recherche et Développement (R&D) des entreprises, et à mettre à disposition des entreprises de jeunes diplômés et docteurs. Les structures de recherche sont le point d’entrée des entreprises et signent une convention bénéficiaire avec l’ANR, opérateur de financement de la mesure. https://anr.fr/fr/plan-de-relance/ 

[3] https://www.inserm.fr/dossier/therapie-cellulaire

[4]https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2011/03/medsci2011273p275/medsci2011273p275.html