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Nous avons le plaisir de vous informer de la soutenance de thèse d’université de Lina AWADA conduite dans le cadre d’un partenariat INRAe/OMSA (anciennement OIE), intitulée :

Réseau commercial mondial de volailles et produits avicoles susceptibles de propager l’Influenza Aviaire Hautement Pathogène : description et rôle dans les introductions transfrontalières historiques de la maladie, en lien avec les caractéristiques des pays commerçants

Dirigée par Karine Chalvet-Monfray et Christian Ducrot.

La soutenance se déroulera mercredi 7 septembre 2022 à 14h dans les locaux de l’OMSA à Paris.

Pour y assister en visio, vous pouvez vous connecter sur le lien suivant : https://oie.zoom.us/j/98528558448?from=addon

 

Résumé

L’Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) revêt une importance majeure pour la santé humaine et animale en raison de la morbidité et de la mortalité élevées chez les volailles et du potentiel de transmission de cet agent pathogène zoonotique à l’homme. Depuis son identification en 1996, il y a eu plusieurs vagues de transmission intercontinentale du virus, ce qui indique sa résistance aux tentatives de contrôle et de prévention. Bien que le commerce international de volailles vivantes soit reconnu comme une voie possible de propagation de l’IAHP entre les pays, son rôle réel a rarement été étudié directement à grande échelle et cela constitue une lacune. Ainsi l’objectif général de la thèse est d’étudier le rôle du commerce international formel de volailles et produits avicoles dans la propagation transfrontalière de l’IAHP et l’impact des moyens mis en œuvre par les pays, notamment en matière de surveillance et de prévention, sur cette propagation.

Pour répondre à cette question, nous avons d’abord décrit la dynamique de l’IAHP à l’échelle mondiale, sur la base des données rapportées à l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu’OIE) pour la période entre 2005 et 2016. Nous avons utilisé des analyses de séries chronologiques et spatiales pour décrire la tendance générale de la maladie, sa saisonnalité (propagation la plus faible en septembre, augmentation en octobre et pic en février), et les distances et vitesses de propagation apparentes de la maladie depuis le premier foyer, à la suite de son introduction dans un pays (médianes de 111 km pour la distance et 1.9 km/jour pour la vitesse).

Nous avons ensuite cherché à décrire le réseau mondial de commerce international formel de volailles et œufs à couver. Pour cela, nous avons utilisé des techniques d’analyse de réseau sur les données de commerce international formel provenant de la base Comtrade de l’Organisation des Nations unies (ONU) entre 2004 et 2016. Nous avons décrit l’évolution des quantités échangées (multiplication par 2 en 17 ans), la stabilité du réseau (moins de la moitié des relations commerciales maintenues entre 2 années consécutives) et les sous-réseaux favorables à la propagation des maladies (qui correspondent de façon générale à un regroupement continental). Par ailleurs, nous avons identifié les pays ayant le plus grand nombre de partenaires (situés dans les Amériques et en Europe pour l’exportation et en Afrique, en Asie et en Europe pour l’importation). Enfin, nous avons croisé ces informations avec les données sur la déclaration des maladies de volailles à l’OMSA, ce qui a permis de montrer que les plus grands pays exportateurs sont plus transparents que les autres.

Enfin, nous avons cherché à mesurer quantitativement le rôle respectif de ce commerce, de la migration d’oiseaux sauvages, de la proximité entre pays et des mesures de surveillance et prévention mises en place par les pays dans la propagation internationale de 3 clades d’IAHP entre 2003 et 2018. Pour ce faire, nous avons utilisé 16 années de données provenant de l’OMSA, de l’ONU, de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et des bases de données génétiques pour les clades 2.2, 2.3.2.1c et 2.3.4.4b H5Nx. Deux approches d’analyse ont été utilisées : un modèle linéaire généralisé mixte (GLMM) pour tous les pays ciblés, basé sur les données épidémiologiques, commerciales et de migration des oiseaux. Ensuite, des modèles linéaires généralisés (GLM) basés sur la phylogéographie avec des prédicteurs dépendants du temps ont été développés pour analyser la propagation de l’IAHP entre les pays disposant de données génétiques. Les principales conclusions de cette étude sont les suivantes : 1) aucune association significative n’a été trouvée entre le commerce légal de volailles et la propagation de l’IAHP ; 2) les résultats suggèrent un rôle des oiseaux migrateurs dans la propagation de la maladie pour tous les clades ; 3) les résultats concernant la distance et le contrôle aux frontières suggèrent un rôle du commerce non régulé dans la propagation de la maladie pour les clades 2.3.2.1c et 2.3.4.4b ; et 4) les résultats concernant la distance suggèrent un rôle des mouvements des oiseaux sauvages (et des mouvements humains) sur de courtes distances entre pays dans la propagation de la maladie pour tous les clades.

Ce travail contribue à la connaissance de la dynamique de l’IAHP et explore en profondeur le rôle du commerce international dans sa propagation, dans une approche mondiale sur 16 ans. Il en ressort que le commerce international formel est en expansion constante et que sa structure est en perpétuelle évolution, avec des liens changeants entre les partenaires commerciaux. Malgré cela, il ne semble pas avoir joué de rôle significatif pérenne et mondial dans la propagation de la maladie, qui a diffusé par vagues successives via les mouvements d’oiseaux sauvages et les mouvements non régulés principalement. Les résultats de cette étude suggèrent par ailleurs, dans une moindre mesure, un effet protecteur des précautions aux frontières et de la surveillance mise en place dans les pays, en conformité avec les normes de l’OMSA. Ce travail montre le succès de la coordination mondiale dans la prévention de la propagation de l’IAHP via les mouvements commerciaux formels. Il souligne l’importance de la lutte contre les mouvements non régulés, et de la mise en œuvre de mesures de surveillance et de prévention. Il souligne enfin le défi que constitue la circulation de l’Influenza Aviaire (IA) chez les oiseaux sauvages, pour le contrôle de la maladie. Ces conclusions visent tout d’abord à soutenir la communauté internationale dans la prise de décision pour cibler les efforts d’urgence, prévoir les futures épidémies et orienter les politiques d’action. Par ailleurs, malgré les disparités de ressources qui perdurent à l’échelle mondiale, l’évolution technologique tend vers un séquençage et un partage d’information épidémiologique et moléculaire de plus en plus rapide et riche. Cette rapidité est essentielle et doit être combinée à une exigence de qualité pour comprendre les schémas généraux des épizooties et les voies de transmission possibles, pour le bien commun.

Mots clés : Influenza Aviaire Hautement Pathogène, commerce de volailles, oiseaux migrateurs, dynamique des maladies, propagation transfrontalière, santé mondiale, épidémiologie spatiale, analyse des séries chronologiques, phylogéographie.